Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/6

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littérature, pour faire un travail qu’en toute autre circonstance je n’eusse confié à personne, il me présenta l’un de ces prétendus hommes de lettres dont l’intrépide jactance cache la nullité, et qui n’ont d’autre vocation que le besoin d’argent. Ce prétendu homme de lettres exaltait beaucoup trop son propre mérite, pour que je n’éprouvasse pas quelque répugnance à l’accepter, mais il avait derrière lui une caution respectable, il était désigné par un littérateur distingué. J’écartai des préventions peut-être injustes, et je consentis à être suppléé en attendant ma guérison. Le suppléant devait immédiatement prendre connaissance du manuscrit ; il le parcourut, et après un examen superficiel, afin de se faire valoir, il ne manqua pas d’affirmer, suivant l’usage, qu’il y avait beaucoup à revoir et à corriger ; le libraire, suivant l’usage encore, le crut sur parole ; on réussit à me persuader dans le même sens, et, comme tant d’autres, qui ne s’en vantent pas, j’eus un teinturier.

Certes, il y avait beaucoup à reprendre dans mon style : j’ignorais les convenances et les formes littéraires, mais j’étais habitué à un ordre logique, je savais l’inconvénient des ré-