Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/124

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songeai à m’en faire un protecteur. Je le vis. Il me reçut comme le fils d’un ancien ami, et me donna une lettre pour Sarrazin, chez qui il me fit accompagner par un de ses aides de camp. La recommandation était pressante ; je me croyais certain du succès. Nous arrivâmes ensemble au camp de gauche, nous nous informons de la demeure du général, un soldat nous l’enseigne, et nous voici à la porte d’une baraque délabrée, que rien ne signale comme la résidence du chef ; point de sentinelle, point d’inscription, pas même de guérite. Je heurte avec la monture de mon sabre : Entrez, nous crie-t-on, avec l’accent et le ton de la mauvaise humeur ; une ficelle que je tire soulève un loquet de bois, et le premier objet qui frappe nos regards en pénétrant dans cet asile, c’est une couverture de laine dans laquelle, couchés côte à côte sur un peu de paille, sont enveloppés le général et son nègre. Ce fut dans cette situation qu’ils nous donnèrent audience. Sarrazin prit la lettre, et, après l’avoir lue sans se déranger, il dit à l’aide de camp : – Le général Legrand s’intéresse à ce jeune homme ; eh bien ! que désire-t-il ?