Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

clairière de nuage, répand sa lumière sur les flots du détroit ; à peu de distance, des voiles blanchissent ; c’est un brick de guerre qui sillonne la vague luisante : Paulet l’a reconnu : – Mes enfants, nous crie-t-il, il est à nous, tout le monde à plat ventre, et je vous réponds du poste. – En un instant il nous eut conduits à l’abordage. Les Anglais se défendaient avec fureur ; une lutte terrible s’engagea sur leur pont. Fleuriot, qui, selon sa coutume, y était monté le premier, tomba au nombre des morts ; Paulet fut blessé ; mais il se vengea et vengea son second : il assomma tout autour de lui ; jamais je n’avais vu une boucherie pareille. En moins de dix minutes, nous fûmes les maîtres du bord, et le pavillon aux trois couleurs fut hissé à la place du pavillon rouge. Douze des nôtres avaient succombé dans cette action, où de part et d’autre fut déployé un égal acharnement.

Entre ceux qui avaient péri, était un nommé Lebel, dont la ressemblance avec moi était si frappante, que journellement elle donnait lieu aux plus singulières méprises. Je me rappelai que mon sosie avait des papiers fort en règle. Parbleu ! ruminai-je en moi-même, l’occasion est