Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

yeux rencontrent les miens… Il fait un mouvement ; son teint s’anime… Le cortège a passé. Je restai aussi immobile que les faisceaux de bronze auxquels je m’étais attaché, et je me serais sans doute encore longtemps oublié dans cette attitude, si un inspecteur du Palais ne m’eût enjoint de me retirer. Vingt minutes après, une voiture chargée d’un panier rouge, et escortée par un gendarme, traversa au trot le Pont-au-Change, se dirigeant vers le cimetière des condamnés. Alors, le cœur serré, je m’éloignai, et regagnai le logis en faisant les plus tristes réflexions.

J’ai appris depuis que, pendant sa détention à Bicêtre, Herbaux avait exprimé le regret de m’avoir fait condamner innocent. Le crime qui avait conduit ce scélérat à l’échafaud était un assassinat commis de complicité avec Saint-Léger sur une dame de la place Dauphine. Ces deux misérables s’étaient introduits chez leur victime, sous le prétexte de lui donner des nouvelles de son fils, qu’ils avaient vu, disaient-ils, à l’armée.

Quoique, en définitive, l’exécution d’Herbaux ne dût avoir aucune influence directe sur ma position, elle me consterna : j’étais épouvanté de m’être trouvé en contact avec des brigands,