Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/236

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qu’il avait ramenée : je remarquai d’abord qu’on en avait changé la plaque. En visitant l’intérieur, j’aperçus sur la doublure de coutil blanc et bleu des taches rouges fraîchement lavées ; puis, ayant ouvert le coffre pour prendre la clef d’écrou, je le trouvai rempli de sang, comme si l’on y eût déposé un cadavre. Tout était éclairci, la vérité s’annonçait plus épouvantable encore que mes conjectures ; je n’hésitai pas : plus intéressé peut-être que les auteurs du meurtre, à en faire disparaître les traces, la nuit suivante, je conduisis la voiture sur les bords de la Seine ; parvenu au-dessus de Bercy, dans un lieu isolé, je mis le feu à de la paille et à du bois sec dont je l’avais bourrée, et je ne me retirai que lorsqu’elle eut été réduite en cendres.

Saint-Germain, à qui je communiquai le lendemain mes remarques, sans lui dire toutefois que j’eusse brûlé ma carriole, m’avoua enfin que le cadavre d’un roulier assassiné par Blondy, entre Louvres et Dammartin, y avait été caché jusqu’à ce qu’on eût trouvé l’occasion de le jeter dans un puits. Cet homme, l’un des plus audacieux scélérats que j’aie rencontrés, parlait de ce forfait comme s’il se fût entretenu de l’action la plus innocente : c’était le rire sur