Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/257

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ne s’explique qu’après coup : convaincu que je n’avais plus aucun ménagement à garder vis-à-vis des misérables, je résolus de me venger d’eux, en même temps que je les forcerais à rendre gorge autant qu’il dépendrait de moi. C’était à une condition tacite que je les avais obligés, ils avaient violé la foi des traités, contrairement à leur intérêt même, ils avaient fait le mal, je me proposais de les punir d’avoir méconnu leur intérêt.

Le chemin n’est pas trop long du boulevard à la rue de l’Échiquier ; je tombai comme une bombe au domicile des Chevalier, dont la surprise en me voyant libre, confirma tous mes soupçons. Chevalier imagina d’abord un prétexte pour sortir ; mais, fermant la porte à double tour, et mettant la clef dans ma poche, je sautai sur un couteau de table, et dis à mon beau-frère que s’il poussait un cri, c’était fait de lui et des siens. Cette menace ne pouvait manquer de produire son effet ; j’étais au milieu d’un monde qui me connaissait, et que devait épouvanter la violence de mon désespoir. Les femmes restèrent plus mortes que vives, et Chevalier, pétrifié, immobile comme la fontaine de grès sur laquelle il s’appuyait, me demanda, d’une