Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/259

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chaise, où je passai une nuit fort agitée. Toutes les vicissitudes de ma vie me revinrent successivement à l’esprit ; je ne doutais pas qu’il n’y eût une malédiction sur moi ;… en vain fuyais-je le crime, le crime venait me chercher, et cette fatalité contre laquelle je me raidissais avec toute l’énergie de mon caractère, semblait prendre plaisir à bouleverser mes plans de conduite en me mettant incessamment aux prises avec l’infamie et la plus impérieuse nécessité.

Au point du jour je fis lever Chevalier, et lui demandai s’il était en fonds. Sur sa réponse, qu’il ne possédait que quelques pièces de monnaie, je lui fis l’injonction de se munir de quatre couverts d’argent qu’il devait à ma libéralité, de prendre son permis de séjour et de me suivre. Je n’avais pas précisément besoin de lui, mais il eût été dangereux de le laisser au logis, car il aurait pu donner l’éveil à la police et la diriger sur mes traces avant que j’eusse pu prendre mes dimensions. Chevalier obéit. Je redoutais moins les femmes : comme j’emmenais avec moi un otage précieux, et que d’ailleurs elles ne partageaient pas tout à fait les sentiments de ce dernier, je me contentai, en partant, de les enfermer à double tour, et par les rues les plus désertes de la capitale, même en plein midi,