Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/276

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tantôt l’on ne m’avait sauvé de la guillotine qu’à condition de livrer à la police un certain nombre d’individus par mois, et aussitôt qu’il en manquait un seul, le marché devenait résiliable ; c’est pourquoi, affirmait-on, à défaut de véritables délinquants, j’en amenais de ma façon. N’est-on pas allé jusqu’à m’accuser d’avoir, au café Lamblin, introduit un couvert d’argent dans la poche d’un étudiant ? J’aurai plus tard l’occasion de revenir sur quelques-unes de ces calomnies dans plusieurs chapitres des volumes suivants, où je mettrai au grand jour les moyens de la police, son action, ses mystères ; enfin tout ce qui m’a été dévoilé, tout ce que j’ai su.

L’engagement que j’avais pris n’était pas aussi facile à remplir que l’on pourrait le croire. À la vérité, j’avais connu une foule de malfaiteurs, mais, incessamment décimée par les excès de tous genres, par la justice, par l’affreux régime des bagnes et des prisons, par la misère, cette hideuse génération avait passé avec une inconcevable rapidité ; une génération nouvelle occupait la scène, et j’ignorais jusqu’aux noms des individus qui la composaient : je n’étais pas même au fait des notabilités. Une multitude