Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/278

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de lui, il était réhabilité sur-le-champ. J’étais à la fois un protecteur puissant et un garant de la franchise quand elle était suspectée. Le premier dont je me rendis ainsi caution était un jeune homme que l’on accusait d’avoir servi la police, en qualité d’agent secret. On prétendait qu’il avait été à la solde de l’inspecteur général Verrat, et l’on ajoutait qu’allant au rapport chez ce chef, il avait enlevé le panier à l’argenterie… Voler chez l’inspecteur, ce n’était pas là le mal, mais aller au rapport !… Tel était pourtant le crime énorme imputé à Coco-Lacour, aujourd’hui mon successeur. Menacé par toute la prison, chassé, rebuté, maltraité, n’osant plus même mettre le pied dans la cour, où il aurait été infailliblement assommé, Coco vint solliciter ma protection, et pour mieux me disposer en sa faveur, il commença par me faire des confidences dont je sus tirer parti. D’abord j’employai mon crédit à lui faire faire sa paix avec les détenus, qui abandonnèrent leurs projets de vengeance ; on ne pouvait lui rendre un plus signalé service. Coco, autant par reconnaissance que par désir de parler, n’eut bientôt plus rien de caché pour moi. Un jour, il venait de paraître devant le juge d’instruction : – Ma foi, dit-il à son retour,