Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/363

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des trois inspecteurs, je me rendis à sept heures du soir au lieu indiqué. Il faisait un froid excessif ; la terre était couverte de neige, l’hiver n’avait pas encore été si rigoureux.

Nous nous postons aux aguets : après plusieurs heures, les inspecteurs, transis et ne pouvant plus résister, me proposent de quitter la station ; j’étais moi-même à moitié gelé, n’ayant pour me garantir qu’un vêtement fort léger de commissionnaire ; je fis d’abord quelques observations, et quoiqu’il m’eût été fort agréable de me retirer, il fut convenu que nous resterions jusqu’à minuit. À peine cette heure fixée pour notre départ a-t-elle sonné, ils me somment de tenir ma promesse, et nous voilà abandonnant un poste qu’il nous était prescrit de garder jusqu’au jour.

Nous nous dirigeons vers le Palais-Royal, un café est encore ouvert ; nous entrons pour nous réchauffer, et après avoir pris un bol de vin chaud, nous nous séparons chacun dans l’intention de gagner notre logis. Tout en m’acheminant vers le mien, je réfléchis à ce que je venais de faire :

— Eh quoi ! me disais-je, oublier si vite les instructions qui m’ont été données ! tromper de la sorte la confiance du chef, c’est