Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/38

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mais le délit était flagrant ; il ne restait pas même à la coupable la ressource de ces dénégations bien soutenues, à l’abri desquelles un mari commode peut se figurer qu’il ignore.

Autrefois, je n’eusse pas subi un tel affront sans me livrer à toute la fougue de ma colère : comme l’on change avec le temps ! Témoin de mon malheur, je signifiai froidement l’arrêt d’une séparation que je résolus aussitôt : prières, supplications, promesses d’une meilleure conduite, rien ne put me fléchir ; je fus inexorable… J’aurais pu pardonner sans doute, ne fût-ce que par reconnaissance ; mais qui me répondait que celle qui avait été ma bienfaitrice romprait avec mon rival ? et ne devais-je pas craindre que dans un moment d’épanchement, elle ne me compromît par quelque confidence ? Nous fîmes donc par moitié le partage de nos marchandises ; mon associée me quitta ; depuis, je n’ai plus entendu parler d’elle.

Dégoûté du séjour de Rouen par cette aventure, qui avait fait du bruit, je repris le métier de marchand forain ; mes tournées comprenaient les arrondissements de Mantes, Saint-Germain et Versailles, où je me formai en peu de temps