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Surveillance spéciale

« VIDOCQ (Eugène-François), condamné à mort par contumace. Cet homme est excessivement entreprenant et dangereux. »

Ainsi, pour tenir en haleine la vigilance de mes gardiens, on me représentait comme un grand criminel. Je partis de SaintDenis, en charrette, garrotté de manière à ne pouvoir faire un mouvement, et jusqu’à Louvres l’escorte ne cessa d’avoir les yeux sur moi ; ces dispositions annonçaient des rigueurs qu’il m’importait de prévenir ; je retrouvai toute cette énergie à laquelle j’avais déjà dû tant de fois la liberté.

On nous avait déposés dans le clocher de Louvres, transformé en prison ; je fis apporter deux matelas, une couverture et des draps, qui coupés et tressés, devaient nous servir à descendre dans le cimetière ; un barreau fut scié avec les couteaux de trois déserteurs enfermés avec nous ; et à deux heures du matin, je me risquai le premier. Parvenu à l’extrémité de la corde, je m’aperçus qu’il s’en fallait de près de quinze pieds qu’elle n’atteignît le sol : il n’y avait pas à hésiter ; je me laissai tomber. Mais,