Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/435

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ne le corrigèrent pas ; mais là du moins, il apprit l’état de bonnetier, et reçut quelque instruction. Insinuant, flexible, pourvu d’une voix douce et d’un visage efféminé sans être joli, il plut à M. Mulner qui, condamné à seize ans de travaux forcés, avait obtenu la faveur d’attendre à Bicêtre l’expiration de sa peine. Ce prisonnier, qui était le frère d’un banquier d’Anvers, ne manquait pas de connaissances : afin de se procurer une distraction, il fit de Coco son élève, et il est à présumer qu’il le poussa avec amour, puisque en très peu de temps Coco fut en état de parler et d’écrire sa langue à peu près correctement. Les bonnes grâces de M. Mulner ne furent pas l’unique avantage que Lacour dut à un extérieur agréable. Durant toute sa captivité, une nommée Élisa l’Allemande, qui était éprise de lui, ne cessa pas de lui prodiguer ses secours : cette fille qui lui sauva véritablement la vie n’a, dit-on, éprouvé de sa part que de l’ingratitude.

Lacour est un homme dont la taille n’excède pas cinq pieds deux pouces, il est blond et chauve, a le front étroit, on pourrait dire humilié, l’œil bleu mais terne, les traits fatigués, et le nez légèrement aviné à son extrémité : c’est la seule portion de sa figure sur laquelle la pâleur