Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/94

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le décrotteur court après et lui rapporte. – Il ne vaut pas deux liards, s’écrie Dufailli ; n’importe, tu es bon enfant. Puis, fouillant dans sa poche, il en ramène une poignée de guinées : Tiens, voilà pour boire à ma santé. – Merci, mon colonel, dit alors le décrotteur, qui proportionnait les titres à la générosité.

— Actuellement, me dit Dufailli, qui semblait peu à peu reprendre ses esprits, il faut que je te mène dans les bons endroits. J’étais décidé à l’accompagner partout où il irait ; je venais d’être témoin de sa libéralité, et je n’ignorais pas que les ivrognes sont gens les plus reconnaissants du monde envers les personnes qui se dévouent à leur compagnie. Je me laissai donc piloter suivant son désir, et nous arrivâmes dans la rue des Prêcheurs. À la porte d’une maison neuve d’une construction assez élégante, étaient une sentinelle et plusieurs soldats de planton : – C’est là, me dit-il. – Quoi ! c’est là ? est-ce que vous me conduisez à l’état-major ? – L’état-major ? tu veux rire ; je te dis que c’est là la belle blonde, Magdelaine : ou, pour mieux dire, madame quarante mille hommes, comme on l’appelle ici. – Impossible, pays, vous vous trompez. – Je n’ai pas la berlue peut-être, ne vois-je pas le factionnaire ?