Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/103

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d’ordinaire les plus vives, venant, peu à peu, à se dissiper, nous entrâmes en conversation. Le chapitre des confidences, suivant la coutume, s’ouvrit en façon d’interrogatoire. Je ne me fis pas tirer l’oreille pour répondre, allant toujours au-delà de ce qu’on désirait savoir : étranger à Paris, je n’avais connu Riboulet qu’à son passage dans la prison de Valenciennes, lorsqu’il avait été reconduit à son corps comme déserteur ; c’était un ami de collège, (un camarade de détention) que j’avais retrouvé. Pour le surplus, j’eus soin de me représenter sous des couleurs qui les charmèrent : j’étais un sacripan fini, je ne sais pas ce que je n’avais pas fait, et j’étais prêt à tout faire. Je me déboutonnais pour les engager à se déboutonner à leur tour, c’est une tactique qui m’a souvent réussi : bientôt les camarades bavardèrent comme des pies, et je fus au courant de leurs affaires tout aussi-bien que si je ne les eusse jamais quittés. Ils m’apprirent leurs noms, leur demeure, leurs exploits, leurs revers, leur espoir : ils avaient vraiment rencontré l’homme qui était digne de leur confiance ; je leur revenais, je leur convenais, tout était dit.

De semblables explications altèrent toujours