Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/122

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ment, ne leur arrive-t-il pas cent fois le jour de désirer être à ma place ? »

Cette harangue pendant laquelle on ne m’interrompit pas fut couverte de huées. Bientôt les vociférations et les rugissements recommencèrent ; mais je n’éprouvais plus qu’un seul sentiment, celui de l’indignation : transporté de colère, je devins d’une audace presque au-dessus de mes forces. On annonce que les condamnés vont être amenés dans la cour des fers : je vais me poster sur leur passage, au moment où ils se présentent à l’appel, et résolu à vendre chèrement ma vie, j’attends là qu’ils osent accomplir leurs menaces. Je l’avoue, intérieurement je désirais que l’un d’eux tentât de porter la main sur moi, tant m’animait le désir de la vengeance. Malheur à qui m’eût provoqué ! mais aucun de ces misérables ne fit le moindre mouvement, et j’en fus quitte pour essuyer de foudroyants regards, auxquels je ripostai avec cette assurance qui déconcerte un ennemi. L’appel terminé, un bourdonnement sourd est le prélude d’un nouveau tumulte : on vomit des imprécations contre moi, qu’il vienne donc ! il reste à la porte, répètent les condamnés en accolant à mon nom les épithètes les plus grossières. Poussé