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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

« Ce fut alors, dit l’historien de l’Expédition d’Égypte[1], que par un élan courageux, par une inspiration énergique, Geoffroy Saint-Hilaire sauva une partie que tout le monde considérait comme perdue. »

« Non, s’écria-t-il, nous n’obéirons pas. Votre armée n’entre que dans deux jours dans la place. Eh bien ! d’ici là, le sacrifice sera consommé. Nous brûlerons nous-mêmes nos richesses. Vous disposerez ensuite de nos personnes comme bon il vous semblera. »

C’était le cri d’une patriotique indignation : il ne pouvait manquer de retentir dans des cœurs français. Savigny, surtout, s’associe avec chaleur à la résolution de son ami : tout sera détruit, rien ne sera rendu ; il le déclare aussi.

Ainsi les rôles étaient renversés, les vaincus menaçaient : Hamilton, pâle, silencieux, semblait frappé de stupeur. « Oui, nous le ferons, s’écrie Geoffroy Saint-Hilaire. C’est à de la célébrité que vous visez. Eh bien ! comptez sur les souvenirs de l’histoire : vous aurez aussi brûlé une bibliothèque à Alexandrie ! »

L’effet produit par ces paroles fut magique. On eût dit qu’un bandeau se détachait tout à coup des yeux d’Hamilton. Il avait rêvé une déloyale, mais facile illustration : il ne voyait plus devant lui que

  1. Tome VIII, p. 421.