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TRAVAUX ZOOLOGIQUES.

cherchée plus loin et plus haut[1]. C’est là, et elle date de 1803, la première divergence, longtemps inaperçue d’eux-mêmes, entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire. Cuvier s’est toujours proposé comme but le perfectionnement de la méthode, et il a toujours pensé que la méthode, si l’on parvenait à la rendre parfaite, serait la science elle-même. Geoffroy Saint-Hilaire, au contraire, après avoir admis dix ans ces deux propositions, vint à en douter, puis à les nier. De là, la direction inverse des travaux de l’un et de l’autre. Cuvier, pendant quarante années, s’efforce d’améliorer la classification, de parvenir à cette méthode naturelle qui est, pour lui, l’idéal de la science. Geoffroy Saint-Hilaire, tout en honorant ces travaux, s’abstient d’y prendre part, et après avoir été fondateur avec Cuvier, il renonce, pour jamais, à partager avec lui la gloire du réformateur.

Nul doute qu’il ne faille attribuer à l’empire qu’exerçaient ces nouvelles vues sur son esprit, une résolution qu’il prit tout à coup en 1803, et qui faillit priver la science du fruit d’une année entière d’études et de recherches. Plus Geoffroy Saint-Hilaire avançait dans la composition de son ouvrage sur les Mammifères, plus il mettait à l’épreuve

  1. Nous reviendrons sur ce sujet en résumant, comparativement avec la doctrine de Cuvier, la doctrine et les travaux zoologiques de Geoffroy Saint-Hilaire. (Voyez le Chapitre X.)