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CHAPITRE V.

Non, dit, au contraire, Geoffroy Saint-Hilaire ; nos plus nobles facultés[1], le jugement et la sagacité comparative, ne doivent point être bannis de la science : après l’établissement des faits, il faut bien qu’adviennent leurs conséquences scientifiques, tout comme après la taille des pierres, il faut bien qu’arrive leur mise en œuvre. « Autrement, ajoute-t-il, quel fruit retirer de ces matériaux ? Vraie déception, s’ils sont inutiles, si on ne les assemble et ne les utilise dans un édifice. La vie des sciences à ses périodes comme la vie humaine ; elles se sont d’abord traînées dans une pénible enfance ; elles brillent maintenant des jours de la jeunesse ; qui voudrait leur interdire ceux de la virilité ? L’anatomie fut longtemps descriptive et particulière ; rien ne l’arrêtera dans sa tendance pour devenir générale et philosophique[2]. »

Nous nous bornons, pour le moment, à ces citations. L’instant est encore loin de nous, où nous aurons à faire l’histoire de la lutte mémorable de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire ; à montrer Gœthe, intervenant, en 1830, comme juge du camp entre les deux naturalistes français. Dans ce Chapitre où nous allons essayer de faire assister le lecteur à la naissance et aux premiers développements de la théorie de Geoffroy Saint-Hilaire, nous

  1. Art. sur Buffon. Voy. les Fragments biographiques, p. 12.
  2. Principes de philosophie zoologique, p. 188.