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UNITÉ DE COMPOSITION.

poils qui adhèrent entre eux, etc. Ainsi les formes, dans chaque classe d’animaux, quelque variées qu’elles soient, résultent toutes, au fond, d’organes communs à tous[1] : la nature se refuse à en employer de nouveaux. Ainsi toutes les différences les plus essentielles qui affectent chaque famille dépendant d’une même classe, viennent seulement d’un autre arrangement, d’une complication, d’une modification enfin de ces mêmes organes. »

On voit que Geoffroy Saint-Hilaire résumait déjà, en 1795, sa théorie naissante en termes d’une singulière netteté : il serait facile aujourd’hui d’en trouver de plus rigoureux ; il serait impossible d’en imaginer de plus précis. Nos lecteurs n’auront pas manqué de le remarquer ; mais, surtout, une autre circonstance les aura frappés dans cette première expression de l’Unité de composition organique. L’auteur la présente, non comme une vue neuve et hardie qu’il va s’efforcer de justifier par les faits, mais comme une vérité incontestable, comme une sorte d’axiome que nul naturaliste ne saurait révoquer en doute.

Cette page, écrite par Geoffroy Saint-Hilaire à vingt-trois ans, est en quelque sorte la préface de

  1. Dans un manuscrit qui parait être une première rédaction du Mémoire, au lieu de ces expressions, nous trouvons celles-ci, qui ne sont pas moins nettes : « Les formes sont toutes, au fond, des modifications des mêmes organes. »