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CHAPITRE V.

membres eux-mêmes, modifiés dans leur forme, leur disposition, leur structure ?

Dès 1735, Artedi avait osé dire que les Poissons ont aussi une clavicule, une omoplate et un sternum. Gouan, en 1770, avait de même appliqué à deux os de la nageoire pectorale les noms d’omoplate et de clavicule. Mais ces tentatives isolées, et que leurs auteurs mêmes avaient bientôt délaissées, n’avaient eu aucune suite. Vicq-d’Azyr, lui-même, le créateur de la Théorie des homologies, l’anatomiste que la nature de son esprit préparait le mieux à comprendre et à adopter l’idée de Gouan, l’avait condamnée comme évidemment inexacte[1]. Cuvier, à son tour, avait déclaré[2], que le membre pectoral des Poissons ne peut pas être comparé d’une manière positive à celui des autres Vertébrés. Ni l’un ni l’autre de ces illustres zootomistes n’avaient d’ailleurs examiné, discuté la question : discute-t-on ce qui paraît évident ?

Autant Geoffroy Saint-Hilaire montra de hardiesse en attaquant de front une question qui paraissait jugée, autant il mit de fermeté dans la marche suivie pour la résoudre. Cette marche fut, dès ce premier Mémoire, celle qu’il adopta, par la suite, dans tous les cas analogues. Par l’examen des modifications principales des os du membre

  1. Œuvres, t. IV, p. 205.
  2. Anatomie comparée, 1re édit., t. I, p. 253.