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CHAPITRE VI.

Hilaire et Delalande, ignorant ce qui venait de se passer, se rendaient paisiblement[1] de Madrid à la frontière portugaise.

II.

Leur sécurité ne fut pas de longue durée. L’insurrection avait éclaté le 2 à Madrid ; dès le 4 ils se voyaient enveloppés par elle.

À Meajadas, entre Truxillo et Mérida, on arrête leur voiture : « Vous êtes Français, leur crie-t-on ; mort aux Français ! vengeance pour notre roi trahi, pour nos frères massacrés ! » Qui n’eût cru que leur sang allait couler ? Mais la mort devait rester suspendue sur leurs têtes ! Manqua-t-il de bourreaux dans cette troupe furieuse ? Fut-ce par pitié ou par un de ces raffinements que connaît la vengeance espagnole ? On en jugera par l’adieu que leur fit le chef de ces forcenés : « Vous périrez ! À Truxillo le peuple vous attend : à Mérida, il va vous attendre ; car je vous devance. » Et il partit. Cet homme arrivait de Madrid ; il avait assisté aux terribles scènes du 2 mai, et peut-être avait-il déjà les mains rouges du sang français !

Retourneront-ils vers Madrid ? Poursuivront-ils leur route ? Geoffroy Saint-Hilaire n’hésite pas ; la prudence semble ici d’accord avec le devoir ; car

  1. « Je suis, écrivait Geoffroy Saint-Hilaire de Talavera de la Reyna, sur une route bien tranquille, qui n’offre d’inconvénients que ceux des mauvaises auberges. »