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CHAPITRE VIII.

lesquelles un ensemble plus ou moins complet étant donné, on procède par voie de décomposition ; ce qui est vrai de recherches, consistant essentiellement dans une suite, dans une succession d’études partielles, ne saurait l’être des recherches synthétiques. Par cela même qu’elles suivent une direction inverse, elles supposent nécessairement des conditions inverses aussi. Plus d’étude partielle et successive ; mais bien l’étude, disons mieux, la méditation simultanée des divers éléments du problème. Comment, en effet, remonter des parties à l’ensemble, comment rattacher entre eux, par les liens de la théorie, ou ramener à leur loi commune un plus ou moins grand nombre de notions particulières, si la pensée ne les aperçoit et ne les saisit à la fois ; si toutes ne sont, pour ainsi dire, présentes en même temps devant elle ? Et comment est-il donné à l’homme de réaliser cette merveille de la plus noble de ses facultés, l’abstraction ? C’est Newton lui-même qui nous l’a dit : en y songeant toujours ; par la pensée patiente, plus puissante que le génie ; par l’effort continu, l’emploi combiné de toutes les facultés ; par le dévouement absolu, exclusif du savant, oubliant tout pour l’œuvre qu’il poursuit, et s’identifiant, pour ainsi dire, avec elle.

À ce prix, peut-être, mais à ce prix seulement, un jour viendra où, longtemps cherchée, long-