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CHAPITRE I.

En voyant frapper tout ce qu’il aime et tout ce qu’il vénère, Geoffroy Saint-Hilaire élève son courage au niveau de sa douleur ; il se promet à lui-même de tout tenter, de tout braver pour les prisonniers. Haüy, qui lui est le plus cher de tous, est aussi, il le sent, le plus facile à sauver. Il court chez Daubenton, chez tous les savants qu’il connaît, chez tous ceux qu’il ne connaît pas, mais auxquels il sait un noble cœur ; et telles sont l’activité, la chaleur de ses démarches, que la liberté d’Haüy est, dès le lendemain, sollicitée par plusieurs hommes influents, réclamée au nom de l’Académie, et obtenue. Le 14 août, à dix heures du soir, Geoffroy Saint-Hilaire a entre les mains l’ordre de délivrance : quelques minutes après, il est à Saint-Firmin, se jette au cou d’Haüy, et lui dit : Venez, vous êtes libre ! Mais l’illustre physicien, voyant autour de lui plusieurs de ses collègues et amis, semblait se croire encore au Cardinal Lemoine. Aussi calme que son jeune libérateur est ému, il lui objecte qu’il est tard, et demande à passer encore une nuit en prison. Et quand, le lendemain matin, Geoffroy Saint-Hilaire et d’autres amis

    Mission qui, avant 1624, était aussi un collége, est devenu, après la révolution, l’Institution des jeunes aveugles : il vient d’être converti en caserne. Le collége de Navarre, en très-grande partie reconstruit et considérablement augmenté, est présentement l’École polytechnique.