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ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

nation subite et en apparence spontanée de son esprit, qu’une solution lui apparut. Au milieu d’une conversation avec Cuvier, vers le commencement de 1817, il lui vint que les os de l’opercule ne sont autres que les os de l’oreille portés à leur maximum de développement. Cette pensée fut aussitôt communiquée à Cuvier : « C’est impossible, » lui répondit son illustre collègue. Mais un examen attentif des éléments de la question, amena bientôt Cuvier à d’autres idées. Et lorsque quelques mois plus tard, il rédigea le Rapport annuel sur les travaux de l’Académie, il n’hésita pas à déclarer que la nouvelle détermination de Geoffroy Saint-Hilaire, très-hardie sans doute, était peut-être, dans toute sa théorie, celle qu’il serait le plus difficile d’attaquer[1].

Voici, autant qu’il est possible de l’indiquer en peu de mots, comment Geoffroy Saint-Hilaire a conçu, et comment il a justifié sa détermination. Lorsqu’il avait comparé, en 1806 et 1807, les os crâniens des Poissons à ceux des Vertébrés supé-

  1. « Du moins, ajoute Cuvier, en n’employant que la voie de comparaison. » Ces mots, fort obscurs, paraissent se rapporter à une objection que Cuvier a développée plus tard, et qui, sans doute, était déjà dans son esprit : Comment les os de l’oreille, que l’on voit décroître des Mammifères aux Reptiles, renaîtraient-ils, considérablement développés dans les Poissons, sous la forme d’opercules ? Geoffroy Saint-Hilaire a répondu à cette objection dans le tome XII des Mémoires du Muséum, et à d’autres dans le tome XI du même recueil.