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ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

Plaçons-nous au point de vue de ceux qui font du perfectionnement de la classification le but suprême de la science. Vers quel résultat devront tendre leurs efforts ? Évidemment vers la constatation des différences, par lesquelles peuvent être distingués les groupes des divers degrés. Dans un organe ces naturalistes devront voir surtout les caractères qu’il peut fournir à la méthode ; et les affinités naturelles des êtres seront presque les seuls rapports dont ils aient à poursuivre la découverte.

Telle serait la conséquence rigoureuse de leur doctrine. Et de là, tous ces naturalistes de cabinet, qui, dans l’étude d’un être, n’oublient rien, si ce n’est la vie même dont il est animé ; qui nous décrivent ses membres, ses organes, comme s’il s’agissait de vaines formes à contempler et à décrire, et non des plus merveilleux appareils qu’il soit donné à l’homme d’observer et de connaître. Système aussi faux qu’étroit et décourageant, qui sacrifie la connaissance de l’ensemble à celle des parties ; qui réduit l’observation de l’animal à celle de son cadavre ; qui abaisse la science des êtres vivants aux proportions d’un catalogue descriptif !

Avons-nous besoin de dire que Cuvier et les naturalistes principaux de son école ont su briser le cadre étroit, dans lequel tant d’autres se sont renfermés ? Un savant tel que Cuvier, dût-on l’accuser de quelque contradiction, ne pouvait se