Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

anomalies physiologiques d’un Monstre sont les causes finales de ses anomalies anatomiques ? Au fond, cependant, la question en tératologie est exactement la même qu’en zoologie. Mais, dans cette dernière science, les raisonnements des finalistes prennent parfois, sous une plume habile, une forme spécieuse, l’erreur de leurs prémisses se perdant dans la profondeur des ténèbres qui enveloppent encore l’origine des espèces animales. Ils nous apparaissent, au contraire, dans toute la nudité de leur illogisme et de leur fausseté, quand on les étend à des types produits, comme le sont les êtres anomaux, sous notre regard, et quelquefois à notre volonté[1].

La question est désormais jugée pour les esprits impartiaux. La doctrine des causes finales, du moins telle qu’on l’a admise durant tant de siècles, a fait son temps en zoologie. Ces causes, à part même ce qu’il y a en elles d’erroné, ne

  1. On a trouvé, il est vrai, cette réponse : Les Monstres sont des êtres placés en dehors de leurs causes finales : aussi la plupart ne sont-ils pas viables. Soit pour ceux-ci. Mais les autres ? Et les Monstres que nous produisons dans nos expériences ? La volonté de l’homme aurait donc prévalu sur celle de Dieu qui destinait, selon vous, leurs organes à d’autres fonctions, et eux-mêmes à un autre rôle dans la création !

    Et les races domestiques ? Direz-vous aussi que celles-ci, caractérisées par de véritables anomalies devenues héréditaires, sont en dehors de leurs causes finales ?