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CHAPITRE X.

Cuvier, dans le livre même où il proclame le principe de l’immutabilité des espèces, n’hésite pas à reconnaître l’origine commune et de ces deux races et de toutes les autres : conséquence qui ne saurait évidemment trouver de bases rationnelles que dans la théorie de la variabilité des types[1].

Ainsi la doctrine de Cuvier est démentie par les faits : lui-même se sent obligé, dès la première application qui se présente, de l’abandonner, et partout ailleurs, il ne la maintient qu’au prix de subtiles et arbitraires distinctions. Mais remarquons-le bien : les mêmes faits qui réfutent l’hypothèse de Cuvier, modifient profondément celle de Lamarck ; car ils assignent aux variations des espèces, dans l’ordre actuel des choses, des limites que nous devons dire, relativement, fort resserrées : limites que l’on ne saurait d’ailleurs déterminer que par approximation.

Il reste une troisième question partielle : jusqu’à quel point les espèces ont-elles pu être modifiées depuis leur origine ?

Aux effets des causes agissant encore aujourd’hui, ajoutez ceux des révolutions elles-mêmes que le globe à subies : vous avez maintenant le

  1. Nous ne savons en vérité ce qui a conduit un auteur récent à placer Geoffroy Saint-Hilaire au nombre des auteurs qui n’admettent pas l’unité originelle du genre humain. Jamais Geoffroy Saint-Hilaire ne s’est prononcé dans ce sens.