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DISCUSSION ACADÉMIQUE DE 1830.

Comment se fit-il que des dissentiments sur des questions si élevées et si belles assurément, mais, avant tout, si abstraites et si ardues, aient excité un si vif intérêt, non-seulement dans l’Académie et chez les savants, mais parmi tous les hommes éclairés ? On a signalé souvent cet admirable sentiment du public français, qui en fait si souvent le juste appréciateur de l’importance future d’un événement qui commence ou se prépare : jamais ce sentiment ne se montra d’une manière plus remarquable qu’au moment de la discussion de 1830[1]. C’est le 22 février qu’elle éclata devant l’Académie[2], et dans le Mémoire de Cuvier comme

  1. M. Dumas a déjà fait cette remarque. Dans son Discours, déjà cité, de juin 1844, il montre la victoire, contre la doctrine naissante de Geoffroy Saint-Hilaire, assurée en apparence au génie tant de fois éprouvé de Cuvier et à son admirable talent d’exposition ; puis il ajoute : « Dans la forme, tout était donc contre Geoffroy Saint-Hilaire, et pourtant le public, avec son admirable instinct du vrai, ne s’y trompa pas. Dès le premier jour du débat, chacun se prit à souhaiter que les vues de Geoffroy Saint-Hilaire fussent confirmées ; chacun comprit que l’esprit humain allait faire un grand pas. »
  2. À l’occasion d’un Rapport lu le 15 février par Geoffroy Saint-Hilaire, au nom d’une commission de l’Académie. Il avait pour sujet un mémoire de MM. Laurencet et Meyranx, sur l’organisation des Mollusques céphalopodes. Ce mémoire n’a jamais reçu les développements et les rectifications qu’avait en vue M. Meyranx, enlevé bientôt après à ses travaux par une mort prématurée.

    Les deux lignes suivantes d’une lettre de M. Meyranx montre-