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CHAPITRE III.

poissons, le lac Manzaleh ne l’est pas moins en oiseaux. Sur ses bords, et dans les petites îles qui y sont semées, vit une multitude d’espèces aquatiques et de rivage. Geoffroy Saint-Hilaire put à la fois enrichir ses collections d’objets intéressants et ses notes d’observations curieuses. Il fit avec soin l’anatomie du Flamant, et se plut à étudier les mœurs de cet oiseau, extrêmement commun en ces lieux, malgré la guerre que les chasseurs lui font, de temps immémorial, pour se procurer ces langues adipeuses, autrefois si recherchées par la sensualité romaine, et aujourd’hui plus utilement employées dans le pays.

De Damiette et du lac Manzaleh, Geoffroy Saint-Hilaire étendit ses recherches dans toute la partie orientale du Delta, jusque sur les confins de la Syrie. Il alla s’établir pour quelque temps à Salahié, parcourut de là, dans diverses directions, un pays à peine connu, explora la branche pélusiaque du Nil, et fit une excursion dans le désert. Dans les sables mêmes de cette région désolée, il recueillit encore quelques animaux, dont le plus intéressant, par une circonstance singulière, se trouva être un poisson. Une troupe de Mormyres, d’une espèce encore inconnue, s’était avancée au loin, portée par une crue extraordinaire du Nil ; et, lors de la retraite des eaux, un grand nombre d’individus, laissés par le fleuve, avaient été desséchés et comme momifiés par le soleil ardent de l’Égypte.