Page:Vie de Lazarille de Tormès, 1886.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
LAZARILLE

j’étais si bien vu, que si j’avais tué quelqu’un ou s’il m’était advenu quelque autre cas grave, tout le monde, je crois, eût pris mon parti et j’eusse trouvé chez mes seigneurs toute faveur et protection. Aussi ne leur laissais-je jamais la bouche sèche, mais les menais avec moi où se vendait le meilleur que j’avais crié par la ville, et là nous faisions splendide chère et vie.


Souvent il nous arriva d’entrer sur nos jambes et de sortir sur celles d’autrui ; et, le plus beau, du diable si tout ce temps-là Lazare de Tormès dépensa une pauvre blanque, ni put obtenir qu’on la lui laissât dépenser. Au contraire, si parfois, à bon