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DE TORMÈS

Or donc, une nuit que j’étais éveillé, songeant à la manière de me servir du coffre et d’en tirer parti, je sentis, à ses ronflements et aux grands soupirs qu’il poussait, que mon maître dormait. Je me levai tout doucement, et, comme pendant la journée, préoccupé de ce que je voulais faire, j’avais mis un vieux couteau qui par là traînait en un lieu où je le pusse retrouver, je me dirigeai vers le triste coffre, et, par le côté qui me parut le plus mal défendu, l’attaquai avec le


couteau que j’employai en guise de foret. Et comme le très vieux coffre était, vu son grand âge, sans force ni valeur, mais, au contraire, très tendre et vermoulu, il se rendit à moi incontinent, et en son flanc admit, pour mon salut, un bon trou. Cela fait, j’ouvris avec grande