Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/50

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Et combien il m’agrée, à voir ce vieux hameau, Qu’il se pare du nom de Saint-Martin le Beau. » Il rougit, et sa main caressait la poignée Du court glaive romain pareil à la cognée D’un bûcheron antique évoqué sous mes yeux : « Cette forêt, jadis, aux chênes spacieux, S’en venait rafraîchir, jusqu’au Cher, ses racines Et tout ce vert pays que le regard domine Fut de conquête lente et longtemps, sous ces bois, Les meutes de Bellone ont mêlé leurs abois. » Il songeait, évoquant les antiques victoires, Haussant sa haute taille au niveau de sa gloire ; Puis, grave, et souriant de loin vers la vendange : « Quelle joie ! et pourtant, Poète, comme change Un paysage ! et toi, qui conçois que le geste Terrible de l’épée — en notre main modeste, Mais, si Dieu la conduit, soudain irrésistible — Ait pu réaliser cette beauté paisible ; Sache aussi, puisque l’Ordre altier suscite et mène, Au-dessus des destins de la famille humaine,