Page:Vielé-Griffin - Voix d’Ionie, 1914.djvu/14

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Là-haut, la causse enflammée
y joignit ses fleurs de lavande ;
par la brèche d'Ardèche embaumée,
sous les branches qui pendent,
ivres encore de l'air des sommets
nous t'apportons en offrande
nos voix, nos fleurs, nos cœurs, nos rêves déclamés,
pour ce frêle éventaire d'aubes, d'ors et de sangs,
élargi devant nous en gloire de couchant,
rieuse Bouquetière que nous aurions aimée,
qui ne vendais, dis-tu, de fleurs qu'aux seuls amants.

Tantôt, sur cette plaine où nous allions descendre,
— double moire nouée en méandres,
blanc rose et bleu clair — fleuve et route
semblaient lier en vastes guirlandes
les bois et les vignes ; or on doute
si ce paysage n'est pas ton œuvre,
Tresseuse d'antiques couronnes:
n'a-t-il ri pour nous seuls le beau fleuve?