Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/109

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toire : il en retrouva les belles formes et les grands effets : il anima ses riches paysages par le spectacle des grands souvenirs ou des grandes infortunes. Le pinceau de Valenciennes nous retraça la misère d’Œdipe, l’abandon de Philoctète, et tant d’autres victimes de la fatalité. Sa fécondité fut prodigieuse : plus de trois cents tableaux sortirent de sa palette. Mais celui qui nous représente Cicéron au tombeau d’Archimède fut son chef-d’œuvre. Il lui ouvrit les portes de l’ancienne académie de peinture ; et l’on s’étonne, en le voyant, de ne point retrouver sur les tables de l’Institut le nom d’un peintre que la France entière a proclamé le régénérateur de son école. Affligé de cette injustice, je voulus un jour lui en demander la cause ; il me répondit avec assez d’indifférence qu’il n’étoit ni intrigant ni flatteur, et il retourna tranquillement à son chevalet.

Près de sa tombe modeste, l’abbé Morellet est venu prendre son dernier asile. Le temps a sapé cette dernière colonne de la philosophie. Le siècle de d’Alembert et de Voltaire nous avoit laissé ce représentant de sa gloire.