Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/125

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vale a détruit les résultats de cette brillante conquête ; mais le souvenir en restera gravé dans la mémoire des hommes ; et les François dont les coursiers ont bu les eaux du Nil apparoîtront à la postérité avec cette auréole de gloire qui environne encore les Argonautes de la Grèce.

Dans le désordre de mes idées, j’avois déjà franchi un grand espace. J’étois loin de la rotonde des peupliers où j’avois laissé le cénotaphe de Monge ; et je suivois les contours d’une allée pratiquée sur le revers du coteau que l’occident regarde. Un double rang d’acacias ombrageoit cette route ; et leurs rameaux fleuris se croisoient sur ma tête. A ma droite, se prolongeoit une étroite vallée ; à ma gauche, une colline où s’appuyoient les sépulcres de plusieurs familles. C’est dans l’une d’elles que j’avois vu déposer naguère le cercueil du vieux Kellermann. Il étoit venu, chargé d’ans et de gloire, rejoindre l’aimable compagne de sa vie, la plus vertueuse des épouses, la plus tendre des mères, l’ornement de son sexe, et l’orgueil des deux maisons célèbres qu’avoient parées sa naissance