Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/133

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ché le repos et le bonheur dans son indifférence et dans son inertie. Je frémis alors de l’avenir qui nous étoit réservé. Je voulus échapper à ces pensées décourageantes, à ces signes de décrépitude et de décadence ; mais la tombe de Mounier s’offrit à moi ; et je revins encore à cette époque d’espérance et d’enthousiasme, où la révolution ne se montroit à nous qu’environnée des plus riants prestiges et de tous les présages de la félicité publique. Mounier fut le premier et le plus ardent promoteur de cette réforme inévitable et nécessaire. Cette ame ardente, qui, suivant les expressions de Régnauld, étoit altérée de justice, avoit appris des sa jeunesse a détester les abus de l’ancien régime. Élevé par un piètre intolérant, il puisa dans cette école la haine du despotisme sacerdotal. Passionné pour la gloire des armes, il se vit repoussé des honneurs militaires par le privilège, et devint l’ennemi de la noblesse qui se les étoit appropriés. Ce fut lui qui donna dans Grenoble le signal de la révolution, deux ans avant que le reste de la France y eût répondu. Orateur des états de sa province,