Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ses enfants désunis s’exterminoient entre eux.
Plaignons les intruments d’une guerre intestine,
Plaignons ces malheureux guerriers,
Que l’honneur, le devoir, l’austère discipline
A forcés de cueillir ces horribles lauriers.
Gloire à ceux qui, jetés dans ces tristes querelles,
A leurs serments ont su rester fidèles,
Sans l’attester par des fureurs ;
Qui, voyant des François dans les partis contraires,
Ont à regret combattu leurs bannières,
De la guerre civile adouci les horreurs,
Et ne se paient point, aux regards des vainqueurs,
De la dépouille et du sang de leurs frères !


Affligé de ces pensées, fatigué de troubles et de combats, j’étois impatient de rencontrer quelque tombeau qui m’inspirât d’autres souvenirs et d’autres idées ; et cette espérance me fit errer sous les voûtes silencieuses du bosquet voisin. Mais je ne trouvai dans cette solitude que des noms obscurs et des vertus domestiques. Mon premier sentiment fut de l’indifférence, mon second fut de porter envie à l’existence paisible de ces hommes que dédaigne ou qui dédaignent la renommée ; qui bornent leur sphère au cercle étroit de leurs amis et de leurs familles ; qui, sans