Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/230

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marbre, les trophées qui en décoroient les faces attiroient mes regards vers le nord. Mais la crainte de laisser après moi des sépulcres dignes de mon hommage me fit descendre dans la vallée large et profonde qui s’étendoit à ma gauche. L’image d’Homère gravée sur le marbre d’une de ces tombes m’annonça bientôt que je foulois la cendre du statuaire Roland, dont le ciseau nous avoit rendu les traits immortels du prince des poètes. Cette statue est le chef-d’œuvre de l’école françoise ; elle a toute la beauté, toute la pureté d’un antique ; et les artistes ne pouvoient plus dignement honorer la mémoire de son auteur, qu’en la rappelant sur ce tombeau. Les travaux de Roland se ressentirent des circonstances politiques au milieu desquelles il fut placé par la destinée. Les statues de la Révolution, de Napoléon, et du grand Condé, ont marqué les trois époques de sa vie. Il ne pouvoit s’y montrer supérieur à lui-même, car il n’est rien au-dessus de son Homère ; mais il y resta l’égal de ses rivaux les plus illustres. Les sépultures qui entouroient la sienne n’offrirent plus rien à mon