Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/265

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<poem>Là parut Malesherbe, honneur de la patrie, L’oracle du temple des lois, L’appui du peuple sous les rois, L’appui des rois sous l’anarchie. De ses tristes enfants il marchoit escorté ; Et sur ses pas s’avançoient en silence Les amants de la liberté, Qu’avoit sur ses autels immolés la licence, Rabaut, du fanatisme ennemi redouté, Le vertueux Bailly, l’honneur de la science, Et Larochefoucauld qui, malgré sa naissance, Soutint les droits du peuple et de l’humanité. Barnave, dont Paris admiroit l’éloquence ; Desprémesnil et Chapelier, Et le modeste et savant Lavoisier, Qu’avoit perdu son opulence ; Cazotte, ce vieillard dont la sinistre voix Avoit prophétisé ce règne sanguinaire, Et le tendre Chénier, et le chantre des Mois, Le fier Lachalotais, digne fils de son père ; Thouret, qui, débrouillant le chaos de nos lois, De notre servitude expliqua le mystère, Et les larcins des grands, des prêtres et des rois. A leur suite marchoit une troupe guerrière, Oui, de la liberté soutenant la bannière, Avoit de l’étranger repoussé les drapeaux, Et qui d’un peuple ingrat n’avoir ou pour salaire Que des fers et des échafauds.