Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/285

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dans les autres ; mais où vais-je moi-même. La tombe qui m’a jeté dans ces réflexions pénibles est à deux cents pas derrière moi. Cherchons de nouvelles pensées sur des tombes nouvelles. Inutile espérance ! Les sépultures qui bordent le mur septentrional de ce cimetière ne servent qu’à me distraire sans rien inspirer à mon imagination. Une seule vient de me parler ; et c’est pour me ramener aux mêmes idées que je voulois fuir. Cette pierre porte le nom de Dubois-Thainville, de ce diplomate qui a long-temps représenté la France chez les puissances barbaresques ; et me voilà replongé dans l’abyme des contradictions humaines ; c’est ici le triomphe de la bizarrerie des politiques.


Oui, des peuples chrétiens, des peuples éclairés,
Des états que les arts, les lois, ont illustrés,
Des rois que la justice anime,
Qui se font un devoir de poursuivre le crime,
Ont des ambassadeurs chez des peuples sans lois
Chez des forbans qui vivent de pillage,
Dont le trône sanglant est le prix du carnage,
Qui de ces nations méconnoissent les droits,
Et condamnent enfin au plus triste esclavage