Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/89

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avoir oublié, et j’y rentrai pour faire de nouvelles recherches. Eh ! qu’auroient dit de moi, madame, les vieux habitués de l’Opéra-Comique, si j’avois négligé la sépulture de l’aimable Dugazon, de cette actrice pleine de talents et de grâce, qui a fait si long-temps leurs délices, et qui repose maintenant à l’angle occidental du bosquet de Delille ? Qu’auroient dit sur-tout ces deux écrivains, dont l’un a mené pendant vingt ans l’académie françoise, et dont l’autre s’est cru jusqu’à la mort le premier homme de son temps ? On dit que la conversation de Suard justifioit le choix et la docilité de l’Académie, qu’il étoit le répertoire vivant de tout un siècle ; et vous n’ignorez pas qu’un de ses confrères y a trouvé la matière de deux volumes ; mais aujourd’hui qu’il ne cause plus, qu’il n’est plus pour nous que le traducteur élégant de Robertson, il est permis de s’étonner qu’il ait joué dans le monde littéraire un rôle si supérieur à son mérite. Le dramaturge Mercier n’avoit ni son goût ni son esprit de causerie ; mais il avoit du piquant, de l’originalité dans ses écrits, du génie même : et, quoiqu’il ne fût pas le pre-