Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/132

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La Jacquelette, avertie, sans doute par la rumeur publique, de la visite des dames du château, accourut et se confondit en salutations devant la marquise. Elle s’excusa de son absence et voulut faire asseoir les dames dans l’intérieur de sa maisonnette, comme si cela eût été plus confortable et surtout plus honorable que de les laisser dans le jardin ; puis, elle donna un coup d’œil à son pot qui bouillait devant deux tisons, administra des corrections équivalentes à deux marmots qui se battaient, et revint toute prête à recommencer, avec commentaires, le récit de sa comparution devant le juge, car elle ne doutait pas que ces dames ne lui fissent quelques questions.

À son grand étonnement, la marquise lui parla de tout autre chose, et ne parut point disposée à entendre son odyssée.

Madame de Fayan était absorbée par la contemplation de sa fille, qui caressait tendrement le petit orphelin, et le regardait d’un regard doux et profond.

Peu à peu, elle se rapprocha de ce groupe adoré ; puis, elle l’entoura de ses bras et posa sur le front de Clotilde un long baiser. C’était comme le sceau de cette amitié qui, à un moment donné, fait d’une mère et d’une fille deux femmes, et deux alliées indissolublement unies.