Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/219

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ordre, mais sans raviver de profondes empreintes. Enfin, elle se trouva dans le salon de sa grand’mère et revit une présentation, la signature d’un contrat, les préliminaires de son mariage…

De temps en temps elle répondait à son mari, qui lui exprimait une pensée sur le pays, les promeneurs, le climat, etc., par une phrase courte ; et la conversation retombait. Bientôt la suite de son passé se perdit dans les méandres de la rêverie.

Il semblait que cette brise embaumée emportât toutes les impressions fatigantes ou vives, pour ne laisser qu’une disposition infinie au bien-être physique et à l’engourdissement moral.

Tandis que la comtesse regardait d’un vague regard le paysage à travers les franges de son ombrelle, qui, en se balançant, découpaient capricieusement la ligne d’horizon, elle croyait entendre chanter à côté d’elle des harmonies délicieuses ; et, en respirant l’arome des orangers, elle rêvait des poëmes sans commencement ni fin et qu’elle n’aurait pas su traduire en paroles.

Peu à peu même, elle cessa de ressentir des impressions définies, et les phrases entrecoupées qu’elle échangeait avec son mari s’interrompirent tout à fait. M. de Morelay, sans doute, était au diapason, car