Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/230

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Elle ferma les yeux un instant, pour rafraîchir ses paupières fatiguées ou pour concentrer et analyser ses pensées incohérentes. Puis, elle se remit à lire, et tourna les pages, en tremblant.

Enfin, elle rejeta le livre, se promena longtemps dans sa chambre, en essayant de vaincre par l’agitation physique le spasme moral qui la tenait éveillée. Elle ouvrit même la fenêtre et avança sur le balcon, pour respirer l’air de la mer et la fraîcheur de la nuit.


XII


À peine en avait-elle senti la bienfaisante influence, à peine ses yeux avaient-ils eu le temps de reconnaître le magnifique panorama qui se déroulait devant eux, qu’elle entendit une voix, trop connue déjà, chanter sous son balcon :

    Verrano a te sull’aura i miei sospiri ardenti…

Elle rentra vivement et ferma la fenêtre. L’orgueil de la femme se révolta.

— Décidément, dit-elle, décidément, cette poursuite est offensante…

Cependant la voix du chanteur ne s’arrêta pas ; il continuait :

    Adrai nel marche mormora l’eco de miei lamenti…