Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/236

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marches du péristyle de cet hôtel, feriez-vous, des uns et des autres, même cas et même usage ?

— Non, peut-être… par une superstition dont je ne me rendrais pas compte.

— Appellerez-vous superstition aussi le sentiment inné et invincible qui vous ferait respecter les tronçons du saint de pierre ou de bois devant lequel des générations entières ont prié ?

— Quelle différence !… Ici, ce n’est plus au morceau de matière que je rends une sorte de culte ; c’est à l’objet bénit et sanctifié par la religion…

— Croyez-moi, au fond, l’impression vient de la même source. Le génie humain sanctifie, lui aussi, les morceaux de matière qu’il a façonnés, et tel débris qui a représenté le type de la beauté, de la force ou de la grandeur, ne saurait être avili sans profanation…

— Peut-être ; et, si je discute, c’est pour vous donner l’occasion de développer votre pensée. Mais puisque vous aimez la sculpture, vous pourrez voir, dans la ville de Carrare, en descendant de la montagne, des statues, des groupes, des vases taillés par les plus habiles marbriers. Tous les sculpteurs de l’Italie, artistes et ouvriers, viennent y travailler. On n’y voit que des ateliers, on n’y entend que la masse