Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/297

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brasses de distance, aurai-je donc échappé à mon déshonneur ? à sa vengeance ? Pourquoi donc m’épargnerait-elle ? Est-ce parce que, du haut de mon hypocrisie, je l’ai méprisée ?… »

Elle frissonna en apercevant, par une vision rapide, les incalculables conséquences de la rencontre qu’elle venait de faire.

La barque glissait rapidement. Il faisait nuit.

Au détour du cap de Porto-Venere, elle vit briller les lumières du port de la Spezzia.

Ce fut un choc qui réveilla sa pensée, perdue dans les abîmes du désespoir.

Elle pleura.

Pietro voyant les larmes ruisseler sur son visage, lui disait des mots de banale consolation.

Elle le repoussait avec colère. Pourtant chaque coup de rame qui la ramenait au rivage lui donnait un contre-coup au cœur. « Voici la fin de tout, se disait-elle. — Ah ? grand Dieu ! je suis bien perdue !… »


XLVI


Le lendemain, quand elle se réveilla, le souvenir de sa situation lui revint avec une inexorable réalité.