Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/32

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de la pauvre fille pécheresse, vous l’ayez secourue, aidée… Eh bien ! ayez donc aussi pitié de moi !… et… aidez-moi…

— Que puis-je faire, madame ?

Il faudrait que je disparusse moi aussi… ou bien…

Elle fit un suprême appel à ses forces :

— Je suis enceinte, monsieur le curé… comme Françon.

— Madame…, mais… je ne comprends pas…

— Il m’est impossible de déclarer ma grossesse à M. de Fayan.

Ces dernières paroles furent dites d’une voix sourde et expirante. Puis la marquise se tut et demeura devant le prêtre les yeux baissés, mais droite et immobile, — comme une pécheresse qui attend son arrêt, et comme une reine que nul revers n’écrase : le comble de l’humiliation sur le comble de l’orgueil.

L’abbé Dablin restait attéré. Peu à peu l’effroi qui s’était d’abord répandu sûr sa physionomie devint de la douleur, et son attitude, tout à l’heure craintive, devint grave, digne et triste. La parole lui manquait, cependant ; il ne put prononcer que deux mots qui résumaient toutes ses pensées :

— Vous, madame !