Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/49

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me suis brouillée avec la femme de l’huissier, et je ne puis emprunter la jument.

— Voici mon cheval que je laisse. Il est frais. Aussitôt son retour, que M. Lambert accoure au château. Moi, je m’en vais à pied.

Et le marquis, serrant son manteau, partit d’un pas pressé.


XI

Le vent lui soufflait au visage une poussière neigeuse qui lui faisait froid aux yeux ; il enfonçait jusqu’à la cheville dans la neige. L’ennui, la fatigue de cette marche forcée engourdissaient son intelligence. Il allait devant lui sans penser, et en cherchant machinalement des yeux les traces du passage de son cheval. C’était, d’ailleurs, le moyen le plus simple de reconnaître le chemin, puisque les empreintes faisaient comme des points de repère sur cette neige, dont l’éclat attirait le peu de lumière qui flottait dans l’atmosphère.

Tout à coup, la présence d’esprit du marquis fut réveillée par une remarque singulière. À la hauteur