Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/72

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le dernier soleil de l’été de la Saint-Martin avait brillé !

Peut-être aurait-on difficilement précise les changements qui transformaient la femme encore belle et rayonnante deux ans auparavant, en une vieille femme. C’était l’âme surtout qui avait vieilli. Je ne sais quel puissant ressort intérieur, en se brisant, semblait laisser retomber la matière qu’il soutenait jadis. En même temps, cette vieillesse prématurée était marquée d’une empreinte douloureuse, que rendait plus visible le cadre austère dont s’entourait la marquise. Tout en elle, depuis sa coiffure jusqu’à ses façons, racontait le renoncement, et devait trahir, aux yeux clairvoyants, la pénitence et l’humilité.

Sa charité si connue autrefois avait doublé. Elle ne se contentait plus alors de secourir les misères qui l’imploraient, elle allait chercher celles qui se cachaient.

On citait, aux alentours de Cladel, des familles quelle soutenait presque entièrement ; on parlait du soin particulier qu’elle prenait des petits enfants. C’est ainsi que souvent on la rencontrait dans les chaumières les plus remplies de petit monde, et chez la Jacquelette par exemple. Elle faisait réciter le catéchisme à l’aîné, apprenait à lire à un autre, et dor-